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Conakry : Les menuisiers et tapissiers confrontés à la flambée des prix du bois et à la baisse de la clientèle

Conakry : Les menuisiers et tapissiers confrontés à la flambée des prix du bois et à la baisse de la clientèle

À Dabondy Marché, dans la commune de Matam, les ateliers de menuiserie et de tapisserie, autrefois animés et prospères, peinent désormais à survivre. La hausse vertigineuse des prix du bois et le désintérêt croissant des clients pour les produits locaux plongent les artisans dans une situation critique.

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Ousmane Touré, maître tapissier expérimenté, est un exemple poignant de ce malaise. Entouré de ses outils et de fauteuils minutieusement confectionnés, il exprime son désarroi face à l’avenir incertain de son métier. « Nous avons appris ce métier pour nourrir nos familles. Si le prix du bois baissait, les meubles pourraient être plus abordables pour les clients. Mais aujourd’hui, les matériaux sont très chers, et les Guinéens préfèrent acheter des meubles importés, souvent de seconde main et sans garantie. Cela nous pénalise beaucoup », déplore-t-il. 

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À quelques pas de son atelier, Maître Harouna Camara partage la même frustration. Son espace de travail, autrefois vibrant, est désormais plongé dans un calme inquiétant. Devant son atelier, des meubles en bois de qualité, soigneusement exposés, attirent les regards... mais pas les acheteurs. « Le problème majeur, c’est le manque de clientèle. Les gens viennent demander les prix, mais ils n’achètent pas. Cela peut durer deux à trois semaines sans qu’on vende un seul meuble. Pourtant, nos produits sont solides, de qualité, et bénéficient d’une garantie de 3 à 4 ans », explique-t-il avec amertume.
Face à cette situation alarmante, les artisans interpellent les autorités guinéennes. Pour eux, une régulation des importations de meubles étrangers pourrait redonner un souffle à leur secteur. « Nous demandons à l’État de limiter l’entrée de ces meubles importés, souvent en provenance d’Europe. Si nos autorités valorisent les artisans locaux, cela permettra de promouvoir notre savoir-faire et de garantir la survie de notre métier. Nous sommes formés pour servir notre pays, être reconnus, et vivre dignement de notre travail », plaident-ils en chœur.
Malgré les défis, ces artisans refusent de baisser les bras. Convaincus que l’artisanat guinéen peut retrouver ses lettres de noblesse, ils continuent à croire en leur métier.
Avec des politiques adaptées et un soutien accru, ils espèrent que le bois, source de leur art, redevienne aussi une source de vie.