La Coalition nationale des professionnels de la santé (CONAPROS), une plateforme de la société civile a présenté ce jeudi 17 avril, un rapport préliminaire inquiétant sur l’état du système de santé en Guinée. L’analyse, issue d’enquêtes menées sur le terrain, dresse un tableau sombre du fonctionnement des structures sanitaires du pays, notamment en période de transition politique.
Lors d’une conférence de presse animée à Conakry, Dr Cissé Moussa, membre de la CONAPROS, a exprimé une profonde inquiétude quant à l’absence de réformes tangibles dans le secteur depuis le 5 septembre, date marquant le début de la transition.
« Depuis le 5 septembre jusqu'à date, nous n'avons pas commencé la refondation du système de santé », déplore-t-il.
Pour lui, une véritable refondation doit commencer par une prise de responsabilité de la part des acteurs de santé eux-mêmes, qu’ils soient médecins, pharmaciens, biologistes, ingénieurs biomédicaux, sages-femmes, infirmiers ou brancardiers.
Le rapport met également en lumière de graves dysfonctionnements au sein du ministère de la Santé, accusé de ne pas assurer correctement ses fonctions. Une situation qui, selon la CONAPROS, affecte toute la chaîne de gouvernance sanitaire, en particulier au niveau des hôpitaux régionaux et préfectoraux.
Un chiffre préoccupant ressort de cette enquête : 77 % des directeurs d’hôpitaux à travers les 33 préfectures du pays occupent leur poste à titre intérimaire, sans nomination officielle.
« On connaît les conséquences d'une telle situation. L’intérim, c’est de l’instabilité, de l’hésitation dans la prise de décisions, et souvent un manque d’engagement », alerte Dr Cissé.
Face à cette situation de crise, la CONAPROS appelle à une mobilisation urgente de l’ensemble des professionnels de la santé et interpelle directement le président de la République. « Cette cacophonie doit cesser. Il est temps que les professionnels de la santé s’organisent pour sauver ce système malade », conclut le Dr Cissé.
Ce cri d’alarme vise à provoquer une prise de conscience nationale sur la nécessité d’une gouvernance sanitaire forte, structurée et orientée vers des résultats concrets, dans un pays où les défis sanitaires restent nombreux et urgents.
Alseny Dine CAMARA
