Conakry 17 mai 2025. Dans le secteur Marché de Sonfonia Gare 1, l’opération de recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC) tourne au casse-tête pour les citoyens. Ce qui devait être une simple formalité s’est transformé en un parcours du combattant semé d’obstacles, d’incompréhensions et de frustrations. Plusieurs habitants dénoncent des irrégularités majeures, des pratiques douteuses et un manque criant de transparence dans le processus.
Depuis plusieurs jours, des citoyens se rendent régulièrement sur le site de recensement sans parvenir à se faire enrôler. Les témoignages recueillis sur place dressent un tableau alarmant d’un processus désorganisé, où les règles semblent changer au gré des humeurs des agents présents.
« Moi, ça fait plusieurs jours que je viens ici, mais impossible de me faire recenser. Ils disent qu’il faut l’extrait de naissance, et ceux qui n’en ont pas, que c’est à 20 000 francs guinéens. Mais le problème, c’est qu’ils nous vendent cet extrait de naissance encore ici, et après ils disent que ce n’est pas valide. Vraiment, ce qui se passe ici, c’est de la pure arnaque. On ne sait pas si ce sont les autorités qui ont donné ces instructions. Mais nous, on ne comprend rien à ce processus », dénonce Mariam Soumah.
À cette confusion s’ajoute la méfiance croissante des habitants. Selon plusieurs témoignages, les pièces demandées sont parfois rejetées sans explication claire, et les citoyens se voient obligés de repartir bredouilles, voire humiliés.
« Pour le recensement, si c’est comme ça que ça se passe, nous on est inquiet. Dans notre secteur, ils nous compliquent trop la tâche. Les papiers qu’on nous a demandés sont encore rejetés par les mêmes personnes. En plus, ils insultent les gens. Nous, on ne sait plus quoi faire. Si ça continue comme ça dans le quartier Sonfonia Gare 1 secteur Marché, on risque de ne pas se faire recenser. Il faut vraiment nous aider », alerte une autre citoyenne, sous couvert d’anonymat.
Mais plus grave encore, certains évoquent la présence d’agents de sécurité exerçant des pressions sur les populations venues se faire recenser.
« Pire, il y a un agent de police aussi qui est à la rentrée ici, qui intimide les gens. Il menace même d’embarquer des citoyens. Moi, je crois que le recensement n’a pas atteint ce niveau. Mais nous ici, on est en train de nous faire voir de toutes les couleurs. Donc si les autorités ne s’impliquent pas, la majeure partie de cette population risque de ne pas se faire recenser », alerte pour sa part Fatoumata Conté.
Face à ces accusations, les autorités locales ne se sont pas encore exprimées. Cependant, ces témoignages traduisent un malaise profond et une défiance grandissante envers une opération censée être inclusive, gratuite et respectueuse de la dignité des citoyens.
Dans le contexte actuel, les autorités en charge de l’opération sont appelées à diligenter une enquête sur les pratiques décriées à Sonfonia Gare 1, à clarifier les conditions du recensement, et renforcer la capacité des agents sur le terrain. Sans ces mesures urgentes, une partie de la population pourrait être exclue du fichier national, compromettant ainsi l’un des objectifs majeurs de cette vaste opération d’état civil.