Un violent épisode de brutalité a secoué le quartier de Kipé, dans la commune de Ratoma, ce 19 avril 2025. Plusieurs travailleuses du sexe, communément désignées sous les termes de « femmes de joie » ou « commerçantes corporelles », ont été agressées et bastonnées par un groupe de jeunes. Cet acte, qualifié de « justice populaire » par certains témoins, a provoqué une vive indignation parmi les défenseurs des droits humains, dont Fatou Ann, directrice exécutive de l’ONG Wafrika.
Fatou Ann a dénoncé avec fermeté l’inaction des autorités face aux violences basées sur le genre.
« Comment expliquer que les forces de sécurité ne protègent pas ces femmes, alors que leur rôle est de garantir la sécurité de tous ? », s’interroge-t-elle. « La société reste silencieuse face aux viols, y compris sur des mineurs, mais s’érige en justicière dès qu’il s’agit de stigmatiser des femmes jugées "immorales". Cette hypocrisie est insupportable. L’État doit réagir avec la dernière énergie et sanctionner ces actes barbares. »
L’activiste a également souligné les risques sanitaires liés à la marginalisation de ces travailleuses.
« Les stigmatiser, c’est les pousser dans la clandestinité, les privant d’accès à la prévention contre les maladies. Protéger cette population n’est pas une question de moralité, mais de santé publique. »
Elle appelle à une remise en cause collective : « Arrêtons de choisir nos combats selon des critères hypocrites. La moralité ne peut justifier des violences. »
Au-delà de l’urgence sécuritaire, Fatou Ann plaide pour une éducation communautaire ambitieuse visant à démanteler les stéréotypes sexistes. « Impliquer les jeunes, les leaders religieux et les familles est essentiel pour réduire les violences faites aux femmes. Sans cela, aucune justice ne sera durable. »
Alseny Dine CAMARA