Invité ce lundi 16 juin sur le plateau de la Radiotélévision Guinéenne (RTG), Dr Sékou Koureissy Condé, président du parti ARENA, s’est prononcé avec franchise sur la création de la Direction Générale des Élections (GDE), une nouvelle entité devant remplacer la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) dans la gestion des scrutins en Guinée. À contre-courant des postures habituelles au sein de la classe politique, l’ancien secrétaire général du Conseil National de la Transition (CNT) a salué l’initiative, tout en appelant à un retour à l’autorité régalienne de l’État dans l’organisation électorale.
Lors de son intervention, Dr Koureissy Condé a tenu à rappeler les origines de la CENI, qu’il qualifie de dispositif exceptionnel destiné au continent africain, conçu selon lui dans une logique de défiance.
« La CENI est une invention spécialement donnée à l'Afrique. C'est inventée après la conférence de la Baule. On a pensé que les Africains ne sont pas suffisamment fiables, suffisamment capables de se faire confiance pour gérer un processus électoral », a-t-il lancé.
Pour l'ancien ministre de la sécurité, les démocraties occidentales n'ont pas besoin d'une institution parallèle pour organiser les élections, car « l'État est transparent, l'État est regardant sur la préoccupation des populations et sur la justice ». À ses yeux, la Guinée doit tendre vers ce modèle de responsabilité étatique assumée.
Faisant référence à son rôle en 2010 au sein du CNT, Dr Condé a affirmé avoir toujours milité pour que l’organisation des élections soit confiée à l’État à travers le ministère de l’Administration du Territoire, avec l’appui de structures techniques et d’un encadrement politique pluraliste.
« J'ai été mis en minorité, tous les partis politiques, sans dissidence, ont dit non, non, non, non, il faut la CNI. On est allé à la CNI »
Selon lui, ce mode de fonctionnement a miné la crédibilité des processus électoraux, rendant les institutions vulnérables aux influences partisanes.
La création de la Direction Générale des Élections est perçue par le président de l'ARENA comme une chance de recentrer l’organisation électorale autour de l’État, sans pour autant exclure les partis politiques.
« Le processus électoral est le fondement de la démocratie. Que ce processus électoral soit géré par l'État en compagnie des acteurs politiques, ça c'est indispensable », a-t-il insisté.
Enfin, Dr Koureissy Condé a conclu son intervention en appelant l'État à assumer pleinement son rôle pour garantir la stabilité démocratique :
« J'en appelle à la responsabilité entière de l'État pour donner à la Guinée et aux Guinéens la confiance nécessaire au renforcement des acquis démocratiques. »
Alseny Dine CAMARA