Alors que le débat fait la Une autour de la proposition du ministre de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation de supprimer le Certificat d’Études Élémentaires (CEE), notre rédaction a rencontré ce Mercredi 9 juillet Aly Souleymane Camara, acteur engagé du secteur éducatif, pour recueillir son analyse sur cette réforme en gestation. Entre nécessité de modernisation, enjeux budgétaires et renforcement des mécanismes d’évaluation, il livre une réflexion lucide et structurée sur les défis et les opportunités liés à cette mesure.
Selon M. Camara, le Certificat d’Études Élémentaires apparaît aujourd’hui comme un dispositif inadapté aux réalités actuelles du système éducatif guinéen. « Cet examen là, aujourd'hui est considéré comme étant dépassé budgetivore, d'un point de vue de financement, dans la mesure où il y a un nombre important d'élèves en 6e année qui doivent être soumis à cet examen. », soutient-il.
Pour lui, la suppression de cet examen ne serait pas sans effet : « Évidemment oui, parce qu'aujourd'hui, il y a un problème très fondamental dans le mécanisme de contrôle et d'évaluation des élèves du primaire. Il n'y a pas un niveau d'évaluation qui est organisé avant leur arrivée au niveau du BEPC »
Face à cette lacune, Aly Souleymane Camara propose une alternative claire : le renforcement de l’évaluation interne dans les établissements scolaires. « Ce que nous pourrons proposer à M. le ministre, c'est d'envisager un mécanisme d'évaluation interne dans les écoles. Et là également, il faut renforcer les dispositifs de contrôle des DPE, des DSE et des inspections, pour pouvoir justement donner un caractère beaucoup plus sérieux à une évaluation interne », propose t-il.
Dans cette optique, il insiste sur la nécessité d’un accompagnement technique et administratif pour crédibiliser ce nouveau modèle. « Et comme le projet de digitalisation des écoles est en cours, cela pourrait justement sécuriser les notes et soumettre les élèves à une évaluation continue. »
Dès lors, Aly Souleymane Camara appelle à un investissement conséquent dans la formation initiale et continue des enseignants. « il faudra renforcer le mécanisme de formation des formateurs pour éventuellement envisager la suppression de cet examen, qui, en ma foi aussi serait une bonne idée, parce qu'il est non seulement budgétivore, mais aussi, il n'y a pas vraiment un impact immédiat du diplôme du certificat d'études élémentaires en Guinée », a t-il conclu.
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