Chargement...

Grâce présidentielle à Dadis Camara : “nous nous opposons à cette démarche et nous pensons que le gouvernement est conscient de son rôle dans cette affaire”, dixit Me DS Bah

Grâce présidentielle à Dadis Camara : “nous nous opposons à cette démarche et nous pensons que le gouvernement est conscient de son rôle dans cette affaire”, dixit Me DS Bah

Le décret pris par le président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, accordant la libération à l'ancien chef de la junte, Moussa Dadis Camara pour des raisons de santé, suscite de vives réactions. Condamné pour crimes contre l'humanité dans l'affaire du massacre du stade du 28 septembre à Conakry, cette mesure soulève des interrogations sur l'état de droit et la lutte contre l'impunité en Guinée.

Alors que le gouvernement a engagé un processus d'indemnisation des victimes, cette libération fait craindre un échange tacite entre justice et compensation financière. Pour Me Alpha Amadou DS Bah, avocat des victimes, il est inconcevable que l'indemnisation administrative serve de prétexte à une grâce pour les condamnés.

« Nous, nous pensons que la réparation administrative ne doit pas favoriser une quelconque grâce, puisque les personnes qui sont condamnées sont condamnées pour des crimes très graves qui concernent des crimes contre l'humanité. Donc, si derrière cette indemnisation administrative, il y a des velléités d'octroyer des grâces, nous nous insurgirons contre cette décision. Et le moment venu, nous ferons le plaidoyer qu'il faut pour justement empêcher qu'il y ait une quelconque grâce, puisqu'on ne doit pas mener la souffrance des victimes à travers une indemnisation administrative et favoriser les coupables à ce qu'ils ne purgent pas leur peine », déclare l'avocat de la partie civile.

Pour les défenseurs des droits humains et les victimes, la question de l'impunité reste centrale. Me Alpha Amadou DS Bah insiste sur le fait que la justice doit suivre son cours et que la décision des juges ne doit pas être entravée par des considérations politiques ou administratives.

« Nous ne serons pas favorables à ce qu'il y ait un échange entre l'indemnisation administrative et la grâce accordée aux condamnés. Donc, nous nous opposons à cette démarche et nous pensons que le gouvernement est conscient de son rôle dans cette affaire. Il faut absolument que l'impunité soit combattue dans notre pays. Et la meilleure façon de combattre cette impunité, c'est de permettre aux juges de rendre leur décision de façon indépendante et que les personnes qui sont condamnées purgent leur peine, puisqu'il y a tellement de violations de droits de l'homme dans notre pays », affirme-t-il avec fermeté.

Cette affaire constitue un véritable test pour l'indépendance de la justice guinéenne et la volonté politique de mettre fin à l'impunité. L'opinion publique reste partagée entre ceux qui voient cette libération comme un geste d'apaisement et ceux qui considèrent qu'elle remet en cause les avancées en matière de justice transitionnelle.

Alseny Dine CAMARA