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La CEDEAO, ce cirque où le clown Embalo donne le spectacle

La CEDEAO, ce cirque où le clown Embalo donne le spectacle

Quelle ironie ! En 2023, Umaro Sissoco Embalo, alors président en exercice de la CEDEAO (cette coquille vide aux allures de syndicat des donneurs de leçons), sermonnait les transitions au Mali, au Burkina Faso et en Guinée. « Organisez des élections, rendez le pouvoir ! », tonnait-il, tel un prêcheur en croisade démocratique. Deux ans plus tard, le voilà qui, dans son propre pays, la Guinée-Bissau, traite les urnes comme un accessoire de décor. Le comédien a changé de rôle : du moralisateur, il est passé au despote farceur.  

La récente « mission politique de haut niveau » de la CEDEAO-UNOWAS, expulsée manu militari le 1er mars 2025 après des menaces d’Embalo, est un aveu d’échec en forme de sketch. Envoyée pour « soutenir un consensus » sur des élections en 2025, elle a surtout révélé l’hypocrisie crasse d’une organisation en pleine déliquescence. La CEDEAO, qui exigeait naguère des chefs d'état de l'AES qu’ils plient bagage, se voit aujourd’hui priée de déguerpir par l’un des siens. Le serpent se mord la queue, et le spectacle est à mourir de rire.  

Que contient ce fameux communiqué ? Des platitudes sur le « dialogue », un « projet d’accord » aussi consistant qu’un nuage, et des appels au calme qui sonnent comme des sanglots dans le vide. Pendant ce temps, Embalo, l’ancien donneur d’ordres, joue les autocrates en herbe, préférant menacer une mission internationale plutôt que de risquer un scrutin. La CEDEAO, elle, se contente de prendre des « notes » et de préparer des « rapports » spécialité d’une organisation devenue expert-comptable en impuissance.  

Mais comment s’en étonner ? La CEDEAO s’implose, lentement, sûrement. Les pays de l’AES l’ont compris : cette structure, qui brandit la démocratie comme un hochet pour punir les indociles tout en fermant les yeux sur les dérives de ses « membres modèles », n’est plus qu’un théâtre d’ombres. Embalo en est la parfaite incarnation : hier, il jouait les procureurs des transitions dans la sous région; aujourd’hui, il incarne ce qu’il prétendait combattre. La boucle est bouclée.  

Alors, à quoi sert la CEDEAO ? À organiser des missions-expresses, chassées avant même d’avoir servi le café ? À pondre des feuilles de route que personne ne suivra? L’expulsion de sa mission en Guinée-Bissau est un symbole : l’organisation ne dicte plus rien, elle subit. Elle n’est plus qu’un club où les dirigeants s’auto-congratulent, entre deux menaces de coups d’État.  

Les pays de l’AES, en quittant ce navire ivre, ont choisi la lucidité. La CEDEAO, engluée dans ses contradictions, peut continuer à jouer les gendarmes fantoches. Mais le rideau est tombé : le public a compris que le roi était nu. Et dans cette tragédie de l’absurde, Embalo restera comme le clown qui, croyant diriger le cirque, a fini par le faire imploser.  

Par Aboubacar Ouedraogo