À la veille du référendum constitutionnel prévu ce dimanche 21 septembre 2025, le Réseau Ouest Africain pour l’Édification de la Paix en Guinée (WANEP-Guinée) a livré une analyse détaillée du processus électoral et des enjeux liés à ce scrutin, qualifié d’étape majeure dans le retour à l’ordre constitutionnel.
Selon les données officielles, le corps électoral guinéen compte 6 768 458 inscrits, dont 52,26 % de femmes. Les électeurs seront répartis dans 23 662 bureaux de vote à travers 16 722 centres, avec une moyenne de 286 électeurs par bureau. Conakry arrive en tête avec plus de 1,5 million d’électeurs, suivie de Kankan, Kindia et N’Zérékoré. La diaspora, quant à elle, représente près de 2 % du fichier électoral.

Dans un Policy brief publié en septembre, WANEP-Guinée a mis en garde contre les risques d’« une Constitution non consensuelle », pointant les tensions politiques, la rupture de dialogue et les appels au boycott. Pour y répondre, l’organisation a lancé, avec l’appui de la CEDEAO, de l’UNOWAS et de l’Union européenne, un projet de suivi, d’analyse et d’atténuation de la violence électorale.
Le dispositif central est la Salle de Situation Électorale (SSE), qui fonctionne du 20 au 22 septembre. Elle est composée de cinq chambres spécialisées (collecte, analyse, vérification des faits, réponses aux risques, communication) et travaille en synergie avec 100 observateurs déployés, dont 20 moniteurs à long terme, dans les huit régions administratives. Contrairement aux missions classiques, WANEP a ciblé prioritairement les zones identifiées comme sensibles sur la base d’une cartographie des risques couvrant 490 unités administratives.
Motifs de satisfaction et sources d’inquiétude
WANEP-Guinée relève plusieurs points positifs, notamment le respect du calendrier du référendum, l’opérationnalisation de l’ONASUR, la présence massive d’observateurs nationaux et internationaux, ainsi que le déploiement d’un dispositif sécuritaire renforcé.
Cependant, l’organisation exprime aussi de fortes préoccupations :
- les appels au boycott et à manifester lancés par certains acteurs politiques et de la société civile ;
- le risque persistant de violences dans certaines zones à forte polarisation ;
- la crise de confiance entre autorités et opposition ;
- la suspension de partis politiques et l’incarcération de leaders ;
- la prolifération de fausses informations sur les réseaux sociaux ;
-les cas d’arrestations, de répressions et de pertes en vies humaines lors des précédentes mobilisations.
Pour un scrutin crédible et apaisé, WANEP-Guinée formule des recommandations précises :
Au gouvernement, de garantir la transparence, d’éviter toute ingérence et de renforcer la sécurité dans les zones à risque.
À la DGE, d’assurer une gestion impartiale du scrutin et de contrer efficacement la désinformation.
Aux partis politiques, de privilégier le dialogue et les recours légaux en cas de contestation.
Aux forces de défense et de sécurité, de respecter les droits humains et d’agir de manière professionnelle.
À la presse, de couvrir le processus avec responsabilité, en évitant la diffusion de propos incitant à la violence.
Aux leaders religieux, traditionnels et aux organisations de la société civile, de continuer à prêcher la paix, la cohésion et la vigilance citoyenne.
Un engagement pour la paix
Fidèle à sa mission de promotion de la paix, WANEP-Guinée réaffirme son engagement, aux côtés de ses partenaires nationaux et internationaux, à contribuer à un climat électoral apaisé. L’organisation publiera une déclaration préliminaire le 22 septembre 2025, à l’issue des travaux de sa Salle de Situation Électorale.