La décision du président de la République de gracier l'ancien chef de la junte, le Capitaine Moussa Dadis Camara, pour des raisons de santé, continue de susciter des réactions. Parmi elles, celle de Dr Sékou Koureissy Condé, président du parti ARENA, se distingue par son appel à la paix et à la cohésion sociale en Guinée.
Pour Dr Condé, cette libération "porte les germes de la réconciliation" et confère à l'ancien dirigeant une responsabilité morale et historique. "Le statut de chef d'État lui confère une responsabilité morale et un symbole, une signification", affirme-t-il. Selon lui, le fait d'avoir été prisonnier avait un sens, tout comme sa libération aujourd'hui. C'est dès lors un "devoir" pour Dadis Camara de porter cet honneur dans un esprit de paix, de quiétude et de cohésion sociale.
L'ancien chef de la junte, qui a dirigé la Guinée de 2008 à 2009, est aujourd'hui face à une nouvelle étape de son parcours. “Tout acte qu'il pose, toute parole, tout geste, le confond à l'histoire du pays”, rappelle Dr Condé, insistant sur la nécessité pour Dadis Camara de tourner une page et d'engager un nouveau chapitre axé sur la concorde nationale.
Toutefois, au-delà de cette grâce présidentielle, Dr Sékou Koureissy Condé met en lumière une dimension essentielle de cette affaire : la prise en compte des victimes des événements du 28 septembre 2009.
« Je remercie le président de la République pour avoir pensé aussi aux victimes. Je pense qu'il a évalué les deux choses. Et c'est le côté le plus important », souligne-t-il. Pour lui, l'attention aux victimes ne doit pas s'arrêter à des mots : « Il faut continuer à les encadrer, à les dédommager, à les fréquenter psychologiquement, socialement, économiquement, moralement, et même dans leur environnement, qu'ils sachent qu'ils ne sont pas abandonnés, qu'ils ne sont pas oubliés. »
Ainsi, la libération de Dadis Camara ne saurait être perçue comme une simple mesure judiciaire, mais plutôt comme une étape d'un processus plus large de réconciliation nationale. La manière dont l'ancien chef de la junte assumera ce nouveau rôle sera déterminante pour l'avenir du pays. La Guinée, encore marquée par les blessures du passé, se trouve à un tournant où la justice, la paix et la mémoire doivent cohabiter pour assurer un avenir harmonieux.
Alseny Dine CAMARA